Maroc - Rehamna - Fouad Ali El Himma

Par Ibn Kafka

La candidature de Fouad Ali El Himma (FAEH) dans la petite circonscription rurale et misérable de Rehamna, au nord de Marrakech, est sans aucun doute possible celle qui a fait couler le plus d’encre. FAEH, originaire de cette région, ex-ministre délégué à l’intérieur, était l’homme fort du ministère de l’intérieur, camarade de classe du Roi au Collège royal, et ami de celui-ci. Il a déjà été député d’une circonscription faisant partie de l’actuelle circonscription de Rehamna, et fût le maire de la principale ville de cette circonscription, Benguérir. FAEH s’est présenté sur une liste sans étiquette politique, intitulée « Karama wa mouwatana » (Dignité et citoyenneté) dont il était la tête de liste. Le numéro deux de la liste était son oncle maternel Hamid Narjiss, fils d’un cheikh de la région et Fatiha Layadi, ex-journaliste dans la presse officieuse (Le Matin du Sahara), puis attachée de presse du ministère de la communication, et descendante du caïd Layadi (ancien chef tribal dans cette région dans la première moitié du XXeme siècle).

Associé au pouvoir royal tant dans l’esprit de la presse que celui des électeurs, sa campagne a bénéficié de la venue d’une flopée de stars du sport et du show-biz marocains, dont l’ami intime du Roi et star de l’athlétisme mondial Hicham El Guerrouj. Son score vendredi dernier ? Septante-deux pour cent (72%) des suffrages exprimés, et trois sièges sur les trois en jeu… Il ne lui était même pas nécessaire de bénéficier de manipulations électorales pour bénéficier d’un tel score, tant les électeurs de cette contrée déshéritée sont prêts à voter pour une notabilité nationale, intime du Palais, susceptible d’apporter fonds publics et projets à la région.

Ses moyens ont été conséquents : si son site est inaccessible depuis la fin de la campagne officielle, sachez qu’il était rédigé presque entièrement en français, une langue étrangère pour l’écrasante majorité des électeurs marocains et encore plus pour ses électeurs ruraux. Par contre, pour chacun des quinze jours de campagne officielle, un journal électoral de huit pages, en arabe, en couleurs, rédigé par l’ancien journaliste du quotidien francophone Libération de l’USFP, avec la présentation en long et en large du candidat et de ses colistiers. Les deux scans que vous voyez sont ceux de la une de deux de ces numéros quotidiens de son journal de campagne. Celle où vous voyez FAEH en tenue traditionnelle blanche et tarbouche rouge est très évocatrice pour les Marocains : il s’agit là de la tenue portée lors des cérémonies officielles du makhzen – histoire pour le candidat de souligner sa proximité du Palais.